Milarépa, un parcours atypique vers une réalisation spirituelle ultime
Milarépa 1040-1123 est un yogi et maître renommé du bouddhisme tibétain.
Milarépa fut un des Grands Maîtres spirituels du Tibet, dont le parcours fut atypique. D'abord formé aux pratiques bön pour exercer de la magie noire et venger sa famille à la demande de sa mère, il a recherché l'enseignement bouddhiste auprès d'un très grand maître tibétain, Marpa (1012-1096). Après avoir été mis à l'épreuve par son Maître, ce dernier lui transmit les enseignements, il s'est retiré pour pratiquer la méditation dans la très haute montagne où il a atteint l'Eveil. Il est aussi célèbre pour avoir composé «Les cent mille chants». À la fin de sa vie, il a transmis ses enseignements et eu plusieurs disciples.
Son début de vie
Milarépa naquit dans la province de Gungthang (ou Goungthang) à l'Ouest du Tibet, près du Népal. Son père mourut alors qu'il n'avait que sept ans et les propriétés de la famille furent laissées au soin de parents qui maltraitèrent Milarépa, sa mère et sa sœur. La mère, ne pouvant admettre cette situation, envoya son fils apprendre la magie noire bön afin de se venger de cette injustice.
Milarépa fut instruit par un magicien expert en la matière. Il causa d'abord la mort de 35 de ses ennemis, tués sous les décombres d'une maison qu'il avait fait s'effondrer, puis il provoqua un orage de grêle qui détruisit toute la récolte de céréales de ses ennemis.
Toutefois, il regretta ses actes néfastes. Ne mangeant plus, ne dormant plus et n'ayant plus de goût à la vie, il rechercha alors un Maître bouddhiste capable de l'aider à transformer le karma négatif qu'il avait accumulé. Il devint disciple d'un Maître Nyingmapa appelé Lama Rongtön qui, pensant qu'il avait des affinités avec Marpa, l'envoya voir ce traducteur tibétain à Lhodrag. Marpa avait rapporté d'Inde au péril de sa vie, puis traduit, les enseignements du Maître indien Naropa (1016-1100), eux-mêmes transmis par le sage indien Tilopa (988-1069).
Son cheminement
Marpa eut l'intuition qu'il avait affaire à un être au destin exceptionnel qui deviendrait son successeur. Il n'en montra cependant rien et, connaissant les méfaits passés de Milarépa, il s'affaira d'abord à tester la volonté de son élève et à le purifier de ses crimes passés. Ainsi, il imposa à Milarépa des épreuves considérables afin de le préparer à recevoir les instructions et enseignements ultérieurs. Il lui demanda par exemple de construire seul différentes tours en pierre, de formes variées (ronde, carrée, triangulaire...) et à chaque fois il reprochait à Milarépa un défaut dans la construction et lui ordonnait par conséquent la destruction de l'ouvrage et le repositionnement des pierres à leur place d'origine. Durant ce temps, Marpa continuait à enseigner ses élèves, tout en excluant Milarépa. Celui-ci tenta d'obtenir des enseignements auprès d'un autre maître, obtint l'aide de Daméma, l'épouse de Marpa ... tout cela en vain, Marpa refusant toujours de lui enseigner. Totalement désespéré, Milarépa décida d'en finir avec sa vie de misérable et songea au suicide. Marpa le devina et l'arrêta au dernier moment : Milarépa avait purgé toutes ses fautes et était désormais apte à recevoir son enseignement.
Marpa lui transmit les enseignements qu'il avait lui-même reçus de Naropa et d'autres maîtres lors de ses voyages en Inde. Une fois cet enseignement dispensé, il envoya Milarépa pratiquer en retaite solitaire dans les grottes du Tibet.
Sa réalisation
Milarépa pratiqua la méditation pendant de nombreuses années dans le plus grand isolement dans des grottes de haute montagne et maîtrisa les transmissions qu'il avait reçues. Il vécut ainsi dans le dénuement le plus total. Il ne portait qu'un léger vêtement de coton (d'où son nom de Milarépa, Mila le "ré-pa" ou Mila le vêtu de coton) et ne se nourrissait que d'orties sauvages, à tel point que - nous dit la tradition - son corps prit une teinte verte ainsi qu'on le voit sur de nombreuses peintures.
Il atteignit l'état d'éveil en une vie, commença à enseigner et devint célèbre pour ses chants poétiques, Les Cent Mille Chants de Milarépa. Il eut de nombreux disciples célèbres. Parmi eux, Gampopa devint le détenteur suivant de la lignée au même titre de Rechung Dordjé Dragpa qui avait transmis à Milarépa des enseignements et qui, à son tour, poursuivit la tradition des yogis laïcs. Milarépa mourut à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Son bûcher funéraire ne prit feu qu'en présence de Rechungpa.